Interroger la manière dont la pensée matérialiste (et mécaniste) irrigue le fonctionnement de notre société est le point de départ de la réflexion et du travail artistique de Yoann Lelong. En s’éloignant d’une vision du monde multiséculaire selon laquelle toute chose et tout être peut-être analysé isolément, Yoann Lelong tente de mettre en exergue les dérives qui y sont issues.
Mettre en relation des êtres, laisser évoluer, observer, capter puis restituer. Remettre toute chose, toute interaction, tout être sur le même plan, pour ne retenir que ce qui finalement les relie. C’est ainsi que naissent et se forgent les projets de l’artiste, influencé par ses études en physique quantique : faire ressentir les connexions, transcender la fragmentation des visions de chacun, sortir de tout référentiel purement mécanique, capter l’unité du vivant à travers la mise en écho d’images, de sons, de mouvements et de flux.
Dans une démarche d’observation permanente, l’objectif recherché n’est pas tant d’infirmer la thèse du matérialisme scientifique, mais bien plus de questionner tout un chacun sur la possibilité d’une autre compréhension du monde qui nous entoure, monde où chaque être vivant participe d’un même mouvement collectif, sans dissociation, dans une unité défragmentée.
Loin de l’esthétique réaliste, la netteté du détail cède la place à l’essence impalpable pour tenter de rendre compte d’une vision du monde telle que l’artiste la perçoit intuitivement. Chaque projet peut dès lors se voir comme une initiative empirique dont le regardeur peut s’emparer pour adhérer ou non à cette perception du monde. La fin du dogme de la physique mécanique ou l’illusion d’une réalité unifiée, c’est sur ce fil que le travail de Yoann Lelong repose, entre perception et interprétation, intuition et fantasme, idéalisme et empirisme.